La comptabilité et les variations des prix

Nombreux travaux pour proposer des méthodes de correction des nombres comptables en période d'inflation, mais les performances de ces techniques sont très discutables. W. Beaver a démontré le résultat paradoxal que la comptabilité en coûts historiques offrait certains avantages par rapport à la comptabilité d'inflation, en période d'inflation. La comptabilité a un néanmoins un rôle d'information à jouer.
Effervescence dans les années 1970 et application à quelques milliers de grandes sociétés aux EU et en Ang. En France, on bénéficie des régimes d’amortissements accélérés, provisions spéciales pour stocks ou autres investissements, régimes d’imposition des plus-values à taux réduit. L’information n’en devient que plus complexe. Les réévaluations des bilans comme celles de 1959 ou 1976-78 ne sont que des opérations limitées et ponctuelles.
Au contraire, deux modèles homogènes et complets sont considérés comme des alternatives théoriques à la comptabilité conventionnelle : comptabilitéen monnaie constante (ou comptas indexées ou méthodes de pouvoir d’achat général), et méthodes de coûts de remplacement.
Présentation générale des méthodes alternatives
- comptabilité en monnaie constante
Il faut choisir une unité de mesure, ce peut être l’unité de fin de période (pratique pour le bilan car photographie au moment t), de milieu de période (pratique pour le compte de résultat car donne une meilleure idée des charges et produits sur l’ensemble de l’année) ou toute autre.
Il faut la même unité pour bilan et compte de résultat, ou alors ajustement des amortissements, et les ratios n’auraient plus tellement de sens.
Il faut distinguer les éléments monétaires et non monétaires (stocks, immo, capital). Les non monétaires peuvent être convertis en unités constantes car leur nature ne change pas. En revanche, une dette de 100 000 F reste une dette de 100 000 francs, quelle que soit la hausse des prix (nominalisme, art 1895 code civil). L’entreprise en situation d’endettement bénéficie de l’inflation dans la mesure où elle n’a qu’à rembourser le montant nominal. Il est nécessaire d’introduire un résultat sur les éléments monétaires.
Cette méthode intéresse peu les pays industrialisés, bien qu’elle soit simple et compréhensible, mais elle est indispensable quand les hausses atteignent 100% ou 200%.
Les gouvernements anglo-saxons préfèrent les comptabilités en coût de remplacement.
- comptabilité en coûts de remplacement
Trois choix à priori pour évaluer les actifs :
• la valeur d’usage (valeur actualisée des flux de trésorerie futurs), c’est la valeur d’utilité du PCG
• la valeur de marché = valeur de cession, dans des conditions normales
• le coût de remplacement. Il a tous les avantages car peut servir de “valeur” pour le bilan et de “coût” pour le compte de résultat. En conséquence, on calcule un résultat sur activité et les gains réalisés. Cette dichotomie du résultat permet de mieux cerner la qualité de la gestion des dirigeants en distinguant la performance “pure” en coûts actuels et l’effet de détention des facteurs de production.
La méthode des coûts de remplacement a été imposée aux grandes entreprises britanniques entre 1980 et 1985 dans le cadre de la norme SSAP n°16 qui a institué une comptabilité en coûts courants “current costs). Les comptes étaient fournis en annexe aux comptes historiques ou l’inverse.
Aux EU, les grandes sociétés ont dû publier certaines informations en coûts de remplacement dès 1976 (norme n°190 de la SEC). De 1979 à 1985, la norme comptable SFAS n°33 a soumis certaines entreprises à un régime de publications diversifiées.
- les méthodes mixtes
complexe, appliquée dans certains cas pour la norme SFAS n°33.

3. Une analyse de la signification des méthodes
• L’image fidèle : aucune des méthodes ne permet en cas de variation des prix relatifs, de fournir des informations facilement interprétables.
• La comptabilitécomme outil économique/le maintien du capital. L’application des comptabilitéd’inflation permet d’améliorer l’information mais aussi de baisser les impôts, donc d’améliorer la trésorerie. Il est difficile de prouver que cela permet de maintenir le capital.
• La comptabilité comme enjeu : les solutions “politiques”
Lorsque le CNPF a demandé la réévaluation (76) en disant que les bilans n’étaient plus présentables, c’était en fait pour réduire la charge fiscale. Le gouvernement a répondu oui à la réévaluation et non aux effets fiscaux. Les banques anglaises exercèrent un lobbying en argumentant le maintien du capital par l’ajustement du fonds de roulement d’exploitation, ce qui leur permettait d’enregistrer des pertes sur éléments monétaires.

Dans les pays à très forte inflation, une comptabilité en monnaie constante est nécessaire. En revanche, les pays développés se sont orientés vers des méthodes de coût de remplacement dans les années d’inflation, car ces méthodes étaient plus flexibles. Ces choix de méthode cachent cependant des objectifs économiques, car en comptabilité il est difficile de distinguer le scientifique du politique.

 

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